L’Ange

L'Ange

L'Ange, voilier de grande pêche
L'Ange, trois-mâts en bois à pont unique de 400 tonneaux de jauge brute, 580 tonnes de portée en lourd, long de 46,00 m, large de 6,60 m pour un creux de 4,80 m, construit à Saint-Malo, en 1897 par les Chantiers Gautier père, pour l'armateur fécampois Tranquille Monnier. Il est lancé le 11 octobre, et quitte Saint-Malo pour Fécamp le 16 décembre. Il y est francisé le 24 décembre 1897, Le nouveau navire porte sur son tableau arrière le nom de L'Ange, avec un « L » majuscule.

Ce beau navire « fort en bois », va faire consécutivement trente-trois campagnes de pêche sur les bancs de Terre-Neuve : huit campagnes (1898-1905) pour l’armateur Tranquille Monnier, cinq (1906-191) pour MM.MMortier et Buttard, trois (1911-1913) pour les Sécheries de morue de Fécamp, treize (1914-1926) pour La Morue Française et les Sécheries de Fécamp, quatre (1927-1930) pour La Morue Française.

Dix-sept capitaines l’ont commandé : Lefauve (1898-1900), Gavini (1901), Paul Hauchecorne (1902-1903), Léhot !1904-1905), Louis Hébert (1906), Lecointre (1907-1909), Charles, Dehayes (1910-1913), Henri Heuzé (1914), Paul Duboc (1915), Charles Dehayes (1916), Célestin Jeanne (1917), Guéroult (1918-1920), Marcel Ledun (1921-1922), Besnard (1923), Ernest Cahard (1924-1925), Eugène Desjardins (1926-1928) et Léon Allais (1929-1930).


L'Ange, navire-école à Paris
En 1935, La Morue Française, devenue Compagnie Générale de Grande pêche, vend le navire à la Sté La Frégate, créée par MM. A. Fiand, et le capitaine de vaisseau Robert Lecoq, société dont le but est : « (…) l'éducation physique et la préparation maritime des jeunes gens attirés par la mer (…) ».
L'Ange quitte Fécamp le 20 mai en remorque jusqu'à Paris, démâté avant son départ de Fécamp, il est regréé une fois à destination. Le 26 mai 1935, il est amarré à l'île aux Cygnes en aval du pont de Passy, côté port de Grenelle. Des travaux de transformation sont réalisés pour répondre à sa nouvelle utilisation : un entrepont est construit, des sabords sont ouverts et diverses installations sont érigées sur le pont, gâchant la silhouette originelle du navire. Désaccord ou mésentente, entre temps la Sté La Frégate est devenue La Corvette. En septembre La Pêche Maritime, informe de l'ouverture prochaine de l'école : « (…) pour donner une instruction pré-maritime aux jeunes Parisiens ». Le 2 octobre, c'est la première rentrée des jeunes mousses, sous la direction du commandant Robert Lecoq.

En 1936, la revue Le Yacht signale que le navire doit être déplacé à cause des travaux préparatoires à l'exposition universelle : « (…) ce qui donne un cachet maritime à ce coin charmant, c'est la mâture de L'Ange, ce morutier amené de Fécamp devenu navire-école. On a décidé de le déplacer et le quai d'Auteuil lui est assigné (…) Ce sera grand dommage. ». Malgré cette supplique, L'Ange doit partir pour être amarrer au quai du Point du Jour à toucher le viaduc d'Auteuil. En 1940, l'enseignement des mousses est maintenu jusqu'à ce que Paris soit occupé, mais l'école n'ouvrira pas en octobre, en partie à cause de l'absence d'élèves. L'Ange est condamné, et Le Petit Parisien du 22 mai 1941 en rend compte : « Le trois-mâts "Ange", ancien terre-neuvas qui servait d'école de matelotage, va quitter le quai d'Auteuil (…). Déjà ses grands mâts qui se profilaient si gracieusement sur le ciel de Paris ont été abattus pour permettre son passage sous les ponts de la Seine (…) C'est un entrepreneur, Monsieur Portaler, qui l'a acquis pour le détruire à Saint-Denis (…) ». Le trois-mâts est dépecé en 1941, peut-être pour faire du bois de charpente mais, plus vraisemblablement pour servir de bois de chauffage.
Triste fin pour ce beau navire dont la longévité aura été remarquable.
Etienne Bernet
© Édition Association Fécamp Terre-Neuve

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