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NAVIRES

LA GRANDE PÊCHE

ASSOCIATION FÉCAMP TERRE-NEUVE
Etienne Bernet / © Édition Association Fécamp Terre-Neuve
La reproduction d’extraits de ce texte est autorisée sous réserve d’en mentionner l’auteur et l’éditeur.
Turenne est un petit trois-mâts goélette en bois, à pont unique, de 391 Tx de jauge brute, construit en chêne, pin et pitchpin, à Black-River (Canada), en 1883. Il est vraisemblable que, sous son premier nom de Nana, il navigue au long cours entre le Canada et la France.

Acheté par l'armateur Henri Acher, en 1898, ce dernier le rebaptise Turenne et le transforme pour la pêche de la morue à Terre-Neuve. Francisé le 13 février 1899, il fait sa première campagne sur les bancs cette même année. Campagne difficile, le navire n'est peut-être pas complètement prêt pour cette navigation difficile, il casse deux haubans de beaupré, endommage sabord et garde-corps, brise ses amarres, perd deux maillons de chaîne et ancres, et "Le capitaine craint qu'il y ait des avaries pour la coque". Autre campagne difficile, le 6 mai 1904, en pêche sur les bancs, il perd un doris avec deux hommes à bord.

Turenne est armé à Fécamp de 1899 à 1908 par Henri Acher, associé à son fils René. En 1909, René est seul armateur du navire. Il fait dix campagnes à Terre-Neuve, avec trente-quatre à trente-six hommes d'équipage. Huit capitaines se succèdent à son bord : Louis Guignery, en 1900 et 1902, Robert, en 1901, Benjamin Denis, en 1903, Prévost, en 1904, Grieu, en 1905, Desjardins, en 1906, Léon Dubosc, en 1907, et Eugène Drouet, en 1909 ; à noter qu'il est désarmé en 1908

La campagne du 1909 lui est fatale, le navire qui compte vingt-six ans de mer est abandonné par son équipage. Parti de Fécamp le 16 mars sous le commandement du capitaine Eugène Drouet, il atteint le Grand-Banc le 19 avril. Le 26, vers 5 heures du soir, une forte voie d'eau se déclare à l'avant, au-dessus de la ligne de flottaison. Le capitaine Drouet met les hommes aux pompes et malgré tous les efforts des uns et des autres, il ne peut être maintenu à flot et doit être abandonné. C'est le terre-neuvier Anaïs, une goélette de l'armement Célestin Huet de Saint-Servan, qui se porte au secours des trente-six hommes d'équipage le lendemain à 6 h du matin, et les conduit à Saint-Pierre. Ils sont rapatriés en France, au mois de mai, par la goélette Batavia, qui fait route de Saint-Pierre sur Saint-Malo.

Henri de Monfreid se serait inspiré du Turenne pour son livre : Le Naufrageur, éditions La Table Ronde, Paris 1950.
Turenne en remorque dans la passe, départ en campagne vers 1900.
© D. R.