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NAVIRES

LA GRANDE PÊCHE

ASSOCIATION FÉCAMP TERRE-NEUVE
Etienne Bernet / © Édition Association Fécamp Terre-Neuve
La reproduction d’extraits de ce texte est autorisée sous réserve d’en mentionner l’auteur et l’éditeur.
Saint-Louis, ex Johanna, trois-mâts goélette construit en Allemagne par les chantiers Carsten Brandt de Blankenese, mis à l'eau en juillet en 1884. Il est armé au long cours, de 1884 à 1893, par l'armateur J.J. Steffen, confié successivement aux capitaines Hans Schuldt, Peter von Ebren et Jacob Kölln.

Dans sa dixième année, en 1894, il est acheté par l'armateur fécampois Louis Eudier, francisé le 22 octobre et transformé pour la pêche de la morue à Terre-Neuve, pour une première campagne en 1895. Le Saint-Louis est le premier à partir, le 12 mars, son départ est salué dans la presse par un article très enthousiaste : "Le Saint-Louis de M. Louis Eudier, un des plus grands terre-neuviers de notre port, pimpant, frais habillé et majestueux (…) quittait aujourd’hui Fécamp, midi sonnant, remorqué par le Jean-Bart".

Il fera vingt campagnes sur les bancs avec trente-deux à quarante hommes d'équipage, avant d'être armé au grand cabotage, en 1916 ; appartenant successivement à Louis Eudier, de 1894 à 1910, vendu en 1911 à la société anonyme des Sécheries de morues de Fécamp il passe, en 1913, à La Morue Française et Sécheries de Fécamp.

Douze capitaines vont le commander pour Terre-Neuve : Guillermin, en 1895 ; Charles Ledun (dit le jeune), en 1896 ; Cordier, en 1897 ; Georges Caron, en 1898 ; Fouache, en 1900 ; Lemaitre, en 1901 et 1902, puis en 1904 et 1905 ; Bourge, en 1903 ; Paul Monnier, en 1906, puis en 1912 et 1913 ; Léhot, de 1907 à 1910 ; Hubert, en 1911 ; et Drouet, en 1914.

En 1898, il essuie un coup de vent d'une rare violence dans la nuit du 3 au 4 avril, témoin impuissant du naufrage, corps et biens, du Ville-de-Fécamp. En 1900, comme tous les navires en pêche, il "débanque" assez tôt, le 15 septembre,  à cause du cyclone qui balaye les zones de pêche. En 1903, le capitaine Bourge est contraint de conduire à Saint-Pierre un homme très malade qui meurt à l’hôpital. En 1912, le 8 septembre, il perd un doris avec deux hommes à bord, un Fécampois et un Breton.

En 1915, le Saint-Louis n’est pas autorisé à partir en pêche, il est armé au grand cabotage confié au capitaine Louis Richard. Parti de Fécamp, avec un équipage réduit, il prend un chargement de bois au Havre à destination de Cadix d'où il doit ramener un chargement de sel. Parti de Cadix le 8 mai, le 19 le capitaine s'aperçoit qu'il a une voie d’eau, l'obligeant à pomper de plus en plus. Le 28 mai, le navire ne gouverne plus, les embarcations et la chaloupe sont mises à la mer et le navire est abandonné. Vers 8 heures du soir, le Saint-Louis disparaît, l’équipage se trouve alors à 30 milles de l’île de Graciosa, une des neufs îles des Açores, où il débarque à une heure du matin.

Beau navire en bois, à pont unique, de 415 Tx de jauge brute, 336 Tx de jauge nette et 3,96 m de tirant d'eau, construit en chêne et doublé en cuivre, il comptait trente ans de mer.
Embarquement sur le Saint-Louis amarré quai Vicomté, départ en campagne vers 1900.
© D. R.